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n°26


novembre 2015



babeth

Vous la connaissiez ou bien pas
c’était elle Babeth
vous la verrez sur le site de la Salamandragore

Elle qui aimait tant les contes
qu’elle a très vite rejoint l’association
se proposant même à la Présidence pour aider
elle la seule non conteuse
qui en savait plus dix fois plus que nous
les conteuses


Babeth la première fois que je t’ai vue
je t’ai d’abord entendue
ta voix je ne l’oublierai jamais
Je n’oublierai jamais ton rire
léger cristallin
qui rendait tout aérien et transparent
Tes paroles nous entraînaient
dans des mondes célestes
par elles les étoiles de la pensée essaimaient

Tu étais la générosité même
la curiosité la luminosité
tu rayonnais d’amour


 Babeth la première fois que je t’ai vue
 je t’ai d’abord entendue
c’était à une formation à Privas
à la Bibliothèque Départementale de Prêt
Une formation de Marc Aubaret
sur le Conte merveilleux
J’ai admiré ton savoir érudit et joyeux.

J’avais entendu parler de la bibliothécaire de Montpezat
de ses projets bouillonnants bien avant de la rencontrer
elle qui aimait tant les contes les histoires leur sagesse
c’est en communiant dans le merveilleux la théorie du merveilleux
si on peut risquer cet oxymore

au cours de ce stage que nous nous sommes rencontrées.
La rencontre avec Babeth c’était ça la merveille pour moi.



Pour venir vers toi nous serpentons
la route est étroite
elle ne mène pas au bout du monde
elle longe la rivière.

Un jour d’après pluies diluviennes

toutes les parois étaient torrents

l’enfant a dit « j’aimerais être l’eau »


Il y a des ruines inaccessibles

des bouts de chemins muletiers visibles

on en devine d’autres


En ce jour assombri le bruit de la voiture recouvre celui de la rivière

ces hauts rochers n’écrasent pas

ils magnifient

L’autre côté inaccessible pour sûr tu l’as marché

on aperçoit ton village en bas de la vallée

bien avant d’y accéder en voiture

Tu es du côté des tourelles de rocs durs

des verts insistants

des vieux pommiers cassés

dont un rejet vaillant refleurit chaque année

Tu es du côté des escargots des papillons

de la joie des rencontres

de la danse des arbres

L’ intensité de chaque rencontre

à chaque fois une constellation hétéroclite de pommes

de canaux de pain de fleurs de contes

d’humanité de livres bien entendu…


Babeth en passeur qui m’a fait aborder à la rive

de maints écrivains : Jacques Lusseyrand l’aveugle extra-voyant

tant d’autres

à notre dernière conversation au téléphone : Karen Blixen !

qu’avec indignation elle s’étonnait que je ne l’eusse point lue.


On s’était promis tant de choses : d’aller ensemble au banquet du livre

de Lagrasse par exemple au Festival EPOS à Blois

aux rencontres d’Aubrac

Dans ces hauts-lieux du conte

Babeth était connue comme la louve blanche

Amie de Bruno de la Salle elle était une fidèle du Festival EPOS

et de ses nuits enchantées

Amie de Claude Gaignebet et de Francis Cransac

c’était une affecionada des Rencontres de l’Aubrac

de leurs discussions des baignades au clair de lune


Babeth avait créé le Festival de Tintamar’a’bouche

à Montpezat

on y entendait des conteurs in-ouïs de nouveaux talents

ainsi que le plus grand nombre lors d’une une scène ouverte

Elle avait organisé un stage avec Bruno de la Salle

Lisa avait pris la suite l’année d’après.


Elle avait aidé à créer notre Festival Contes et Musiques en Volane

elle s’y est tant dévouée

toujours là aux petits soins pour tous

jusqu’à la fatigue extrême de ses deux séjours en cuisine avec son amie Patricia


Il faudrait pouvoir être exigeante comme elle.


Babeth si fine si dense

tu danses dans mes pensées

jusqu’à l’ éreintement usure du temps

ce nouveau temps à passer sans toi


Babeth n’était pas « l’amie littéraire » mais l’amie tout court

l’amie indispensable celle qui est là quand on a besoin d’elle

celle qui de sa présence chaleureuse

savait apaiser nos piqûres en tout genre.

Celle qui tissait des liens.

« Douceur et efficacité, ma chère ! »

Babeth

toi qui dans « amie» faisait vibrer le mot « âme »

Babeth

en ce premier avril

tu nous as vraiment fait une sale blague !


Isabelle Cohen Juillet 2015